Le Nez de Kim Nguyen
The empire of scents ou Le nez de Kim Nguyen
Mercredi 12 novembre à 19h à l’Université Concordia
Samedi 15 novembre à 18h30 au Cinéma du Parc
Première Mondiale dans le cadre des RIDM
Bande-Annonce et affiche du film
Une fois dissoutes, les substances odorantes stimulent les cellules olfactives de l’épithélium en se liant à des récepteurs. Les influx nerveux générés seront acheminés au bulbe olfactif via les neurofibres (filets) du nerf olfactif qui passent à travers des orifices de la lame criblée. Ils font alors synapse avec d’autres neurones et empruntent le tractus olfactif pour se rendre jusqu’au cortex olfactif primaire du cerveau où seront perçues les odeurs. Notez que le Prix Nobel de physiologie ou de médecine 2004 fut décerné à Linda Buck et Richard Axel pour leurs recherches sur la famille de gènes des récepteurs des cellules olfactives et la transmission de l’information – résumé sur le site du CNRS au dossier Chimie & Beauté. Pour plus d’informations écoutez L’olfaction – émission Révolutions médicales de René Frydman du 28/10/2014 Podcast avec le professeur Pierre Bonfils historien et chirurgien ORL sur Franceculture.fr
C’est ce parcours que décrit Molly Birnbaum dès le début du film de Kim Nguyen en racontant comment elle est devenue anosmique suite à un accident provoquant une lésion du nerf olfactif. Rachel Herz, reconnue pour ses recherches sur la psychologie de l’odorat, complètera ses propos en expliquant l’effet émotionnel des odeurs dû au fait que des influx aboutissent également dans diverses régions du système limbique.
Inspiré du livre Papilles et molécules de François Chartier, on entendra dans le documentaire ce « créateur d’harmonies » décrire les subtils arômes avec son pif de sommelier – le meilleur au monde pour l’année 1994 ! Et il nous dévoilera entre autres le lien qui peut bien y avoir entre un crabe et une truffe. Pour ce qui en est de la truffe… des résultats novateurs au sujet de sa production en France furent présentés récemment lors d’un récent colloque. En résumé, on a réalisé l’importance du monde microbien dans le sol et d’une bonne photosynthèse pour l’arbre hôte, ainsi que de ne pas s’en tenir qu’aux noisetiers et aux chênes et finalement de travailler le sol plutôt durant la période de croissance – « Mieux connaître la truffe pour mieux la cultiver » 23/10/2013 sur Presse.inra.fr
Une plus grande production de truffes ne fera pas que le bonheur des agricultures et des gastronomes, mais également des gens d’affaires, lorsque l’on sait que le prix de la truffe blanche d’Alba ou Tuber magnatum pico, qui pousse dans le Piémont, s’élève à presque 100 € le kg, d’où son surnom de « diamant blanc » .
Du côté de la parfumerie, le biologiste moléculaire Christopher Kemp nous expliquera que l’ambre gris produit dans le système digestif des cachalots ou Physeter macrocephalus, est prisé dans cette industrie pour principalement préserver l’odeur des fragrances. Vous pourrez lire dans un article du professeur Maurice Chastrette, que l’on avait synthétisé de l’ambrox, une composante de l’ambre, déjà en 1950. Les recherches dans ce domaine se poursuivent afin d’éviter de devoir débourser des sommes faramineuses pour l’ambre gris.
Les sécrétions humaines seront, elles aussi reniflées et testées mais il serait utopique de croire que l’on pourrait fabriquer une fragrance digne d’un Songe d’une nuit d’été puisque la compatibilité olfactive entre individus et plus complexe que l’on s’imagine.
Parmi les autres captivants scientifiques qui interviendront dans le documentaire, Subha Patel chimiste au IFF – International Flavor & Fragrances fera une démonstration à l’écran de la technique utilisée pour capter les molécules odorantes d’une plante en interaction avec une autre à différent moment de la journée, selon son biorythme . C’est elle aussi qui développa avec Braja Mookherjee la rose miniature propulsée au bord de la navette Discovery, qui permit de conclure que même en absence de gravité, la plante produit des arômes; en moindre quantité, mais de meilleure qualité- description du projet sur le site de la NASA.
La beauté de la nature est joliment filmée par ce réalisateur oscarisé pour Rebelle– meilleur film étranger 2013, tout comme le cadrage en entrevues. Et pour ceux, qui en voudraient plus encore de sciences et de molécules, ils n’auront qu’à se procurer les publications des intervenants, qui comme vous pourrez le constater sont tous forts passionnants !
Autres commentaires de P.Couture, A.Duchesne, T.Malavoy ou N.Wysocka
HERZ Rachel (2009). Le parfum du désir – à la découverte du sens mystérieux de l’odorat,
éditions Gutenberg, 231 p.et auteur de plusieurs articles scientifiques dont « Aromatherapy facts and fictions » International Journal of Neuroscience, 119:263–290, 2009
BURR Chandler (2007). The perfect scent et également auteur de L’homme qui entend les parfums
– l’étonnante découverte de Luca Turin 2004 , éditions Autrement, 345 p.
CHARTIER François (2009).Papilles et molécules: La science aromatique
des aliments et des vins, éditions La Presse, 216 p.
BIRNBAUM Molly (2011). Season to Taste- How I Lost My Sense of Smell
and Found My Way, éditions Harper Collins, 320 p.
KEMP Christopher (2012).Floating gold – a natural (and unatural)
history of ambergris, éditions Chicago Press, 232 p.
Si vous allez à Paris, vous pourrez rendre visite à deux autres intervenants du film :
Olivier Roellinger – cuisinier et propriétaire de Entrepôt Épices 51 rue Ste-Anne à Paris et
Yu Hui Tseng – Maître de thé et propriétaire de La maison des trois thés près de la place Monge à Paris. Elle est également une descendante du philosophe Zengzi né au Ve siècle av. J-C – 1er disciple de Confucius et auteur de La Grande Étude.
Voir aussi références à la fin du billet Maison Boulud à Montréal qui offre durant la semaine du 20 novembre, des plats de truffes blanches apprêtées par le chef Riccardo Bertolino.
Autres suggestions de films aux RIDM, sur ce site dans les précédents billets et le prochain.
Sculptures olfactives
Jardin d’addiction 2012 de Berdaguer & Péjus (ci-dessus) contenant des fragrances de Christophe Laudamiel et Christophe Hornetz. Description des sculptures olfactives de Christophe Laudamiel exposées à Berlin cette année sur le site de Denyse Beaulieu – graindemusc.blogspot.ca.
Également à Berlin, Luca Vitone s’est associé pour Imperium 2014 au Neuer Berliner Kunstverein, avec la parfumeuse Maria Candida Gentile pour une sculpture évoquant « l’odeur du pouvoir » .
En mai dernier s’est terminée l’exposition d’Ernesto Neto : le corps qui m’emporte au Guggenheim de Bilbao avec La maison des rêves aux odeurs de poivre et clou de girofle.
Il y a un an exactement, Marina Latta avait conçu une sculpture de laquelle des odeurs d’encens étaient libérées par un mécanisme que l’on déclenchait à l’aide de notre téléphone portable – infos sur ac-nice.fr
Pour des œuvres olfactives en pleine nature voir le site de la plasticienne Nathalie Giraud-Dieckert qui nous invite à prendre le temps de vivre, regarder, toucher et réfléchir.
Artistes en résidence de l’Institut Art and Olfaction
Lauréats des Prix Art and Olfaction