Aller au contenu principal

Le Musée de la BnF

21/10/2023

Le musée de la BnF à Paris
Bibliothèque nationale de France site Richelieu

Le bâtiment historique de la Bibliothèque nationale de France se trouve sur l’emplacement du palais du cardinal Mazarin qui s’en servira en 1643 à y abriter sa majestueuse collection privée. La partie ouest devient ensuite Bibliothèque royale sous Louis XV en 1721 et vingt en plus tard, on ouvre au grand public le Cabinet du roi devenant ainsi le premier « musée » de Paris. Dans les nouveaux lieux aménagés depuis un an à peine, le musée de la BnF présente au 1er étage une partie de sa collection qui couvre 40 mille siècles d’histoire. Des écrans tactiles permettent d’agrandir quelques objets et de les voir sous différents angles, par exemple la fameuse pierre noire gravée en langue akkadienne du sud de la Mésopotamie dans une écriture cunéiforme. Ce kudurru ou chartre de donation de terre de 1100 AEC a été découvert à Ctésiphon au sud de l’Irak par le botaniste André Michaux (1746-1802) et représente le premier document épigraphique en Europe. Il servit de référence pour aider les chercheurs à décrypter la plus ancienne écriture qui remonte à 3 400 ans AEC. Tout récemment, on vient de déchiffrer un nouveau fragment de tablette cunéiforme, qui d’après les experts correspondrait à une nouvelle langue indo-européenne sémitique comme l’akkadien ou le hittite. Le trésor de Berthouville du 1er siècle en argenterie dédié à Mercure, occupe une place centrale dans la deuxième salle du parcours, disposé dans l’une des 56 vitrines du musée. Après le Louvre, la BnF détient la plus grande collection de vases grecs en France grâce au don du duc de Luynes. Sur le site du musée, vous trouverez les procédures de restauration d’une des amphores du Ve siècle AEC attribuée au peintre d’Achille. Une fois que l’on traverse le Cabinet des monnaies et médailles cher à Louis XIV passionné de numismatique, on aboutit au somptueux Salon de Louis XV orné de dix tableaux de muses par François Boucher, Carle Van Loo et Charles-Joseph Natoire. Ci-dessous Érato tenant le caducée ailé symbole de l’éloquence. On soupçonne les traits de Madame de Pompadour dans le visage de la déesse, car cette peinture de 1746 coïncide avec la période où Boucher faisait le portrait de ladite marquise.

Et enfin, la Galerie Mazarin dans laquelle nous pourrions passer des heures et des heures !
Salle d’apparat de style baroque, avec sa ravissante voute qui fut toutefois modifiée dès la mort du cardinal par son héritier le duc de Mazarin, époux de sa nièce Hortense Mancini, qui eut l’odieux de mutiler des statues antiques et de recouvrir de voiles les corps dénudés du plafond peint par Romanelli. La restauration a toutefois permis de retrouver en partie l’aspect original pour certaines peintures. Les vitrines de cette riche galerie présentent des cartes du monde, des globes terrestres et célestes, des manuscrits aussi bien de musique que de grandes œuvres littéraires et scientifiques. La splendide mappemonde en forme de cœur de l’astronome et mathématicien Oronce Fine (1455-1555) réalisé selon un système de projection cordiforme d’après Johanness Werner séduira certainement les visiteurs. On y retrouve en revanche, les erreurs de l’époque telles l’Amérique du Nord rattachée à l’Asie et l’hypothétique Terra Australis. Au centre de la pièce, le fabuleux globe céleste de Vincenzo Coronelli (1650-1718) avec une nomenclature en latin, grec et arabe se retrouve sur presque toutes les photos. Parmi les ouvrages de sciences, notons le célèbre atlas d’anatomie de 1543  Humani corporis fabrica libri septem d’André Vésale dont le seul portrait s’y trouve. Le récit de Blaise Pascal sur l’équilibre des liqueurs de 1648 fera l’objet d’un article dans le prochain magazine Chroniques du musée prévue en janvier 2024 par l’astrophysicien Etienne Klein en tant que chercheur en résidence de la BnF.

Deux femmes scientifiques sont aussi mises à l’honneur à la Galerie Mazarin, soit la brillante mathématicienne Emilie du Châtelet (1706-1749) amie de Voltaire et qui allie les concepts philosophiques de Gotffried Wilhelm Leibniz avec les travaux de Newton, dans Institutions de physique. On retrouve aussi sa traduction de Principia Mathematica de Newton dans laquelle elle rajoute non seulement de pertinents commentaires, mais refait elle-même les calculs. L’autre femme de sciences, moins connue cependant, est Jeanne Dumée (1660-1706) auteure d’un ouvrage didactique – Entretien sur l’opinion de Copernic touchant la mobilité de la Terre. Dans le domaine de la psychanalyse, le manuscrit De la sexualité de la femme 1951 de Marie Bonaparte est exposée pas loin de gravures de Louise Bourgeois (1911-2010) de la série Quarantania. Ci-dessous sur la photo en noir et blanc, Seyrig & Roussopoulos qui reprennent le SCUM manifesto de Valerie Solanas, donc en bref  toutes ses personnalités fortes, font écho à la série de Niki de Saint PhalleNana power ! La BnF organise également cette année, une série de concerts dans la salle ovale, visant à faire connaitre les compositrices, en association avec Elles Women Composers. On pourra écouter du 30 octobre 2023 au 10 juin 2024, des compositions de Hedwige Chrétien, Élisabeth Jacquet De La Guerre, Édith Canat de Chizy, Jeanne Leleu, Clémence de Grandval, Nadia Boulanger, Germaine Taillleferre et Marguerite Canal.

Ci-dessus, une formidable visite en compagnie de Gennaro Toscano – conseiller scientifique du musée de la BnF qui nous accompagne dans chacune des salles, tout en nous décrivant d’autres fleurons de la collection tels une des dix impressions de la bible sur parchemin ou velin, le grand camé de France, le trône de Dagobert, etc.

Consultez aussi le site de la BnF et le blogue Gallica ainsi que le précédent billet
sur le jardin de la Bibliothèque nationale de France – Hortus papyrifer.

No comments yet

Laisser un commentaire