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L’astronome de Samarcande

10/06/2015

« Les religions se dissipent, telle la brume du matin
Les royaumes s’effondrent, telle la dune sous le vent
Seule la science s’inscrit dans le bronze de l’éternité »
(p.230)

Astronome de Samarcande de JP Luminet

LUMINET Jean-Pierre (2015). Ulugh Beg – L’astronome de Samarcande, éd. JC Lattès, 280 p.
Extrait d’un chapitre au blogue Luminesciences

Plongez en plein cœur de la Renaissance Timouride avec ce roman historique tant attendu de Jean-Pierre Luminet. Après le succès des Bâtisseurs du ciel, relatant les vies de Copernic, Kepler, Tycho Brahé, Galilée et Newton, il nous transportera cette fois-ci en Transoxiane, pour nous faire découvrir le prince et astronome Ulugh Beg (1394-1449). Fils de Chah Rukh Mirzan et de Goharshad, pour qui les arts, les lettres et les sciences avaient une place tout aussi importante que la politique et qui assurèrent à leur fils la meilleure éducation.

« Son affaire à lui, c’était désormais l’infini du ciel, la danse harmonieuse des astres,
l’intense jubilation qui le saisissait quand il avait résolu
le plus difficile des problèmes mathématiques. »
(p.119)

« Le cosmos est un langage, le ciel une écriture » (p.146) et pour décrypter celle-ci, Ulugh Beg fit bâtir à Samarcande le plus grand observatoire de l’époque, surpassant ceux de Bagdad, Ray et Maragha. Il y construit un impressionnant sextant de 40 m de rayon avec l’aide d’illustres mathématiciens et astronomes dont Qadi-Zadeh ou plus exactement Salah ad-Din Musa Pasha Qadi-zadeh Roumi (1364-1436), considéré comme le « Pythagore de Samarcande » (p.94), et Al-Kashi ou Ghiyath ad-Din Jamshid Mas’ud al-Kashi (1830-1429), le  « Ptolémée de l’oasis » (p.172), qui réussit à calculer le nombre Pi jusqu’à la 16e décimale et qui élabora un théorème éponyme appelé aussi Théorème de Pythagore généralisé ou Loi des cosinus, expliqué dans une vidéo de Mickaël Launay.  Parmi les autres savants du roman, notons Ali Qushji, ou Ala ad-Din Ali ibn Muhammad Qushji (1403-1474), qui transporta une copie des zij, ces tables astronomiques sultaniennes, à Istanbul avant qu’elles fussent traduites en plusieurs langues; Il y resta quelques années pour enseigner sous le règne du sultan Mehmet II.

L’Observatoire de Samarcande, véritable chef-d’œuvre qui se dressait dans l’actuelle Ouzbékistan, fut malheureusement détruit peu après l’assassinat d’Ulugh Beg. Ce roman rappelle ainsi que l’histoire ne cesse de se répéter et fait tristement écho aux destructions récentes de Palmyre, Mossoul, Bâmiyân,  etc. De plus, il souligne l’importance de l’éducation, de l’esprit critique et de la rigueur scientifique. Finalement, tout comme le voulait tant Ulugh Beg pour son peuple en soutenant les arts et les sciences, Jean-Pierre Luminet permet aussi, avec ce livre, d’épanouir l’âme de son lecteur.

 « La science, telle la richesse, est faite pour être partagée, afin que tous y trouvent profit. » (p.258)

Tables Sultaniennes d'Ulugh Beg

Source des images et descriptions:
fr.academic.ru, planetastronomy.com et christies.com #5526 lot 274 et #7428 lot 107.

Autres commentaires à propos du roman de Luminet sur Vive la rose et le lilas et lecteurs.com

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