Aller au contenu principal

Collection Hôpital Sainte-Anne

26/07/2015

Hôpital Ste-Anne XIX

Collection Hôpital Ste-Anne

De l’art des fous à l’œuvre d’art – Collection Sainte-Anne sous la direction d’Anne-Marie Dubois
Hôpital Sainte-Anne au XIXe siècle sur Histoire de la psychiatrie en France psychiatrie.histoire.free.fr

 

Exposition L’art pour l’art jusqu’au 28 juillet au Musée Singer-Polignac
Centre d’Étude de l’Expression du Centre hospitalier Sainte-Anne
1 rue Cabanis 75014 Paris Métro : La Glacière

En 2017, le Centre Hospitalier Sainte-Anne fêtera son 150e anniversaire; mais depuis plus de sept siècles ce site était dévoué aux soins pour pestiférés au XIIIe et aux maladies infectieuses jusqu’au XVIIIe, il fut ensuite fréquenté par les aliénés de l’hospice de Bicêtre. L’Hôpital psychiatrique Sainte-Anne est inauguré en 1867 en hommage à Anne d’Autriche qui avait entrepris les démarches deux cents ans auparavant. Le CH Sainte-Anne est devenu aujourd’hui, un centre reconnu en psychiatrie et neurosciences offrant de nombreux services à vocation médico-sociale.

Grâce à une dotation de la Fondation Singer-Polignac (Winnaretta – fille de l’inventeur des machines à coudre) en 1967, une salle d’exposition a été aménagée dans l’enceinte de l’hôpital. Le Centre d’Étude de l’expression y présente plusieurs expositions par année. Jusqu’au 28 juillet on peut y voir 90 oeuvres de la collection Sainte-Anne effectuées par une trentaine d’artistes professionnels ou de patients. Dr. Anne-Marie Dubois publiera éventuellement un cinquième tome sur cette riche collection institutionnelle, comprenant à ce jour 1800 items de qualité muséale. Elle est également psychiatre responsable des consultations de thérapies comportementales et cognitives au CH et auteure de plusieurs livres sur l’Art-thérapie. À la Cité des Sciences de l’Industrie en mars dernier, Dr.Dubois présenta une partie de la collection, lors de la conférence Art et Folie: quel lien ? faisant mention d’illustres artistes tels Adolf Wölfli (1864-1930), Guillaume Pujolle (1893-1971) et Aloïse Corbaz (1886-1964) dont vous pourrez lire la biographie sur le site artbrut.ch de Lausanne. D’autres oeuvres de la collection Sainte-Anne se trouvent dans la Galerie Virtuelle du Centre d’ Étude de l’Expression. Ci-dessous, un ballon dirigeable, basé sur le principe des ballons à air chaud développés par les frères Montgolfier en 1782. On l’exposa en 1950, lors de l’Exposition internationale d’art psychopathologique tenue dans le cadre du 1er Congrès mondial de psychiatrie. D’autres portent un intérêt particulier pour la géologie (Gilbert Legube), les plantes (Anna Haeckel) et les animaux – voir monographie Les bêtes. Tandis que d’autres, comme Caroline Macdonald et Isabelle Le Gouic jonglent aussi bien avec les mots que les couleurs.

Collection Hôpital Ste-Anne_Anonyme

Anonyme début du XXe siècle © crédit photographique Collection Sainte-Anne inv. n°0628

Isabelle Le Gouic 2007

Art-Thérapie Livres 2014-15

Lectures en lien

DUBOIS Anne-Marie (2013). Art-thérapie
Principes, méthodes et outils pratiques,
 
éditions Elsevier Masson, 168 p.

FORESTIER Richard (2014). Le métier d’art-thérapeute, éditions Favre, 375 p.

WEIL Nicole (2014). Protocoles en Art-Thérapie, éditions souffle d’or , 144 p.

COLIGNON Martine (2015). De l’art-thérapie à la médiation artistique : Quels professionnels pour quelles pratiques ? éditions Érès, 200 p.

LABRÈCHE Jocelyne et HAMEL Johanne (2015). Art-thérapie, édition Larousse 300 p.

Voir aussi le documentaire  Turning the art world inside out de Jack Cocker 67 min

Autres références sur ce site sous Art Brut – collections de Stadshof et Decharme,
Impatiences musicales 4.2  et tous les articles dans la rubrique «Maladie mentale»
incluant Courte histoire de la folie partie 1 et partie 2.

 

Les suggestions de sorties à Paris se poursuivront d’ici peu…

2 commentaires leave one →
  1. Robert Richard permalink
    24/08/2015 12:08

    Hélas, le lien « Art et folie: quel lien? », mentionné ci-haut, ne fonctionne pas.

    C’est là un thème fascinant et récurrent. Pour leur part, Deleuze et Guattari parlent, dans « L’Anti-Oedipe » (1972) et « Mille plateaux » (1980), de la nécessité de faire la distinction entre la schizophrénie et les processus schizophrènes. C’est-à-dire que l’artiste peut apprendre beaucoup du schizophrène et ainsi employer des processus schizophrènes, mais sans être lui-même/elle-même schizophrène. C’est là la position de Deleuze et Guattari.

    Mais comment l’artiste, pour ainsi dire, ‘normal » (psychiquement parlant) peut-il emprunter des techniques du schizophrène? Ces emprunts n’auraient-ils pas quelque chose d’artificiel? Peut-être faut-il plutôt penser à l’artiste qui est, pour ainsi dire, ‘normal’, mais qui a tout de même frôlé la schizophrénie dans sa vie. Puis, il y a les Artaud et Van Gogh qui étaient schizophrènes, mais qui pouvait écrire et peindre dans des moments fugaces de lucidité relative.

    Mais qu’est-ce que l’artiste emprunte ou plutôt déclenche de sa propre schizophrénie pour les besoins de son art? Eh bien, le désir de fuir, pour commencer. Le désir de fuir les cadres qui enserrent la créativité et qui tentent ainsi de la faire couler dans un sens fatalement conforme et conformiste.

    Mais aussi, le désir de mettre à mort le sujet psychologique en soi, c’est-à-dire l’entité subjective cherchant à s’exprimer. Mais à se défaire du « moi » que reste-t-il? Eh bien, un fond sans fond qui exprime (et donc qui, remarquez le bien, ne S’exprime pas). Mais ce fond sans fond, qu’exprime-t-il au juste? Ce fond sans fond exprime ce qui vient se refléter en l’artiste a-subjectif, ce fond sans fond exprime ce qui, du monde et du cosmos, vient se refléter en lui, ce fond sans fond n’était pas (je le répète) un « moi » ou un « sujet » ou une « subjectivité.

    Je prétends qu’une oeuvre musicale comme « Zipangu » de Claude Vivier (1948-1983) est de cette trempe. « Zipangu » n’est pas l’expression d’une intériorité quelconque, intériorité intime, vécue par Vivier. « Zipangu » a plutôt un caractère objectif (non-subjectif). Bref, « Zipangu », c’est ce qui, du cosmos, se reflète en Vivier.

    La différence entre l’art moderne et l’art contemporain se trace là précisément. Dans l’art dit « moderne » (Picasso, par exemple), l’artiste possède un monde intérieur qu’il tente de faire passer dans son oeuvre. Dans l’art « contemporain », l’artiste ne S’exprime pas, mais exprime plutôt ce qui, du monde, se reflète en lui. L’artiste contemporaine n’a pas d’intériorité, il ne fonctionne pas à partir d’une intériorité psychique ou d’une vérité intérieure qui lui serait propre (car il n’a tout simplement pas d’intériorité]..

    Pour voir un exemple de l’art « contemporain » dans les arts visuels, voir la magnifique exposition de David Altmedj au Musée d’art contemporain à Montréal qui se termine le 13 septembre 2015.

  2. Robert Richard permalink
    24/08/2015 13:42

    Une petite note sur la question de la fuite, qui serait propre au schizophrène, mais qui peut faire partie de ce qu’un artiste emprunte au processus schizophrène.

    Nous sommes tous témoins de ces êtres — des SDF — qui choisissent de vivre dans la rue pour le meilleur mais plus souvent pour le pire. Pour le pire quant à leur sécurité physique et à leur intégrité psychologique. Leur situation nous touche, bien évidemment. Cela dit, on a là un exemple d’individus qui ne peuvent tout simplement pas vivre dans le social et le système familiale de papa/maman/enfant/travail, etc. Si bien qu’il se retirent, ils quittent tout cela, ils fuient.

    L’artiste doit — du moins si l’on croit Deleuze et Guattari — imiter ce schizophrène qui choisit d’habiter dans la rue. Il doit se faire SDF, non pas dans la réalité bien sûr, mais dans son art. Il doit quitter femme et enfants, mais au sens de quitter les consensus artistiques, les moralismes consensuels aussi, il doit quitter la voie de l’art qui fait unanimité, il doit fuir l’académisme, le convenu, etc.

Laisser un commentaire